Explications sur l’urbanisme tactique dont on parle actuellement en France lors de la crise du Covid-19 et qui est utilisé dans certains lieux pour se ré-approprier l’espace public. Cet urbanisme tactique est utilisé en ce moment plutôt pour faire de la place au vélo urbain. Pourquoi est-ce une bonne idée ?

Déplacements et confinement

Pendant le confinement lié à la crise du Covid-19, moins d’automobilistes circulent en ville alors même que nous devons prendre des mesures de distanciation pour les piétons, joggeurs et cyclistes. Est-ce sérieux de garder des avenues ouvertes aux automobilistes alors qu’ils sont nettement moins nombreux qu’auparavant ? Il faut évidemment laisser des voies de circulation pour les urgences et les livraisons nécessaires, mais a-t-on besoin de 2×2 voies ? Faut-il laisser les piétons s’agglutiner sur les trottoirs en ces temps de distanciation physique ? C’est en retirant la circulation automobile que cette crise nous permet de voir la place surdimensionnée que nous lui avons laissée.

Qu’est ce que l’urbanisme tactique ? 

L’idée de l’urbanisme tactique, qui ne date pas de la crise actuelle, est de se ré-approprier l’espace urbain à moindre coût avec des mesures efficaces. Des trottoirs peuvent être élargis avec un coup de peinture et des plots. Un carrefour routier peut être re-qualifié de place urbaine très rapidement. L’objectif est d’améliorer localement les espaces de vie des quartiers. L’urbanisme tactique peut prendre d’autres appellations comme “guérilla urbaine”, urbanisme “pop-up” ou “Do It Yourself”. Il peut être utilisé à l’échelle d’une place de parking comme à l’échelle d’une place immense comme Times Square.

Pourquoi c’est le moment d’utiliser l’urbanisme tactique pour les déplacements à vélo !

Quel est l’intérêt d’utiliser l’urbanisme tactique pour la bicyclette en ce moment ?

• le trafic automobile est minime du fait de la crise Covid-19
• les citoyens qui travaillent ont besoin d’un mode de transport pour remplacer temporairement les transports en commun
• c’est un moment idéal pour rééquilibrer l’utilisation de l’espace public (pour rappel 50% de l’espace public est alloué aux modes motorisés pour 13% des déplacements dans Paris)

De nombreux exemples d’urbanisme tactique sont à l’oeuvre dans des métropoles européennes et mondiales : Berlin, Bogota, New York. Un fil Twitter par Adrien Lelièvre, journaliste Les Echos, recense les cas les plus emblématiques.

En France, après un léger retard au démarrage, Montpellier, Grenoble, Paris et d’autres villes françaises ont émis l’envie de suivre dans les prochaines semaines. Un fil twitter de Mathieu Chassignet, ingénieur mobilité à l’ADEME, propose un recensement des collectivités françaises qui misent sur les pistes cyclables temporaires.

Le Cerema s’empare du sujet avec des recommandations pour les collectivités qui souhaitent s’engager pour de l’urbanisme tactique en faveur du vélo urbain : Lien vers le Cerema

La mise en lumière en France de l’urbanisme tactique est une bonne nouvelle pour nos villes. C’est un outil qui peut rééquilibrer l’espace public entre les véhicules individuels motorisés et les autres modes de transport. Au moment du déconfinement, il sera important de réaliser cet urbanisme avec une méthodologie de co-construction citoyenne et locale (ce qui est compliqué en ce moment) et de laisser libre court à notre créativité !